Conte éducatif et pédagogique de prévention du tabagisme et des addictions
                écrit par Frédéric MOREAU et illustré par Jacques BANCHAREL


Outil de prévention à destination des écoles primaires, des classes de 6ème de collège et de tous lieux d'animations.

                Voici maintenant la moitié du conte avec les illustrations.

                      LIA et TIKINI

                   et les mangeurs de fumée

                    

                                                                                         

                        FREDERIC  MOREAU

                                        Illustrations de Jacques BANCHAREL

                             

                                                                 COMEDIA CAMALURO




Notre histoire pourrait se dérouler en Amérique bien avant l’arrivée de Christophe Colomb, il y a bien longtemps, et pourtant !

 Lia et Tikini sont frère et sœur. Ils ont 12 et 13 printemps  et vivent dans un petit village perché sur le flanc d’une montagne.

Ils mènent une vie paisible entre l’apprentissage du tissage, les travaux des champs, la chasse et la cueillette. Souvent ils partent pour de grandes excursions dans les plaines et les collines pour ramener des plantes rares pour le guérisseur ou rendre visite à des cousins parfois éloignés de plusieurs jours de marche.

 Lia avait un rêve. Depuis toute petite le désir de devenir « chapatka », celle qui guérit, l’a poussé à observer Niili, celui qui soigne, dans le moindre de ses faits et gestes et celui-ci prend désormais le temps de lui expliquer le pourquoi des remèdes qu’il utilise et comment les préparer et les mettre en œuvre.

 Tikini, quant à lui, ne désire qu’une chose, être le plus grand des chasseurs !


Un matin, l’envoyé d’un village voisin situé tout au bout d’une vallée profonde à peu près à deux journées de marche, arrive pour demander l’aide de Niili.

 « Niili, toi le plus habile guérisseur des cinq vallées, dit-il tout essoufflé, nous avons besoin de ta science ! Nombreux sont ceux de mon village qui sont malades et pour lesquels notre sorcier, Tabaki, ne peut rien ! »

 Mais Niili ne peut se déplacer. L’une des femmes du village va bientôt accoucher et cela ne se présente pas très bien. Mais il peut préparer un remède en attendant sa venue.

 À ce moment-là, le messager se met à tousser, tousser, tousser à s’étouffer, tant et si bien que Niili le couche dans sa hutte.

Puis il s’adresse à Lia et Tikini.

 « Il est bien trop malade pour reprendre la route. Je vous charge de porter ces cataplasmes jusqu’à son village. Toi, Lia, tu sais comment les utiliser ! Tu te souviens ? Tu les mélanges, tu en fais une pâte, tu la réchauffes et tu la déposes sur la poitrine des malades.»

Et nos amis prennent la route, bien heureux de l’aventure qui s’annonce.Le voyage se déroule sans problème dans l’air vivifiant et odorant des montagnes vallonnées.

Les nuits passées à la belle étoile furent paisibles sous un ciel limpide et constellé, éclairé par une Lune rayonnante.

 En arrivant au village, après avoir marché longuement, surprise et étonnement !

 Au lieu des champs de maïs habituels s’étendent des champs d’une drôle de plante à grosses feuilles, tandis que sur la colline où s’étirait une magnifique forêt, plus rien, tous les arbres ont été rasés !

 Et là, au bord du chemin, il y a une espèce de cabane à ciel ouvert avec de grands feux au-dessus desquels sèchent les grosses feuilles de la drôle de plante.

Tikini s’adresse alors à un homme qui travaillait là :

« Où sont les champs de maïs ? Où est la forêt si belle qui faisait la fierté de votre village ? »

 - Ceci est du tabacco, répliqua-t-il avec nonchalance.Notre tabacco magique et indispensable. Pour le sécher, il nous faut beaucoup de bois. Un hectare de tabacco, un hectare de forêt ! Oui, il nous faut couper un hectare de forêt pour sécher un hectare de tabacco. Évidemment, pour le gibier les chasseurs doivent partir plus loin, mais ce qui est nécessaire doit être fait ! Si on veut du tabacco, il faut faire quelques sacrifices."

 Les enfants continuent leur route et pénètrent dans le village.

Tout autour d’eux, hommes, femmes, jeunes, presque tous, auréolés de fumée, aspirent goulûment après un objet bizarre dans lequel brûle le fameux tabacco qu’ils ont découvert auparavant. Et évidemment, la plupart d’entre eux toussent bruyamment, d’une toux rauque, râpeuse, râlante.

Le chef du village les accueille avec beaucoup de gentillesse, mais aussi d’inquiétude dans le regard et les fait entrer dans sa hutte, la plus belle, la plus spacieuse, mais aussi la plus enfumée.

Et il se met lui aussi à allumer sa pipe.

Lia, intriguée, lui demande ce qu’il fait.

« J’allume mon brûlot, voyons ! Ne faites-vous pas la même chose dans votre village ? »

- Non, dit Tikini.

- Alors, il faut essayer !

- Aspirer de la fumée… mais pourquoi ?

- Tu ne te rends pas compte ! Lorsque je remplis mon brûlot de cette plante fantastique, que j’approche le feu, déjà je ressens un bien-être, un plaisir ! Et quand je respire cette fumée sublime, je sens son effet en quelques secondes sur mon esprit ! Ce qui m’embête un peu quand même, c’est que lorsque j’ai fini, je ne pense qu’à une chose, remplir à nouveau le brûlot ! Allons, essaye à ton tour !

- Non, lance Lia, c’est ridicule de manger ainsi de la fumée ! Rien que de la respirer ici, ça me gratte la gorge et les yeux me piquent !

 - Ridicule ? Alors que moi-même et mes meilleurs chasseurs le faisons aussi ! Allons, sois un homme Tikini, respire profondément ! »

 Et Tikini se met à fumer lui aussi, respirant, aspirant à plein poumon lorsque soudain il se met à tousser mais d’une toux sifflante, étouffée.

Lia, voyant que son frère respire difficilement, se précipite, l’attrape sous les bras et le traîne hors de la hutte enfumée…juste à temps !

Lentement le souffle revient à Tikini.

« Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je n’arrivais plus à respirer ! »

...

A suivre !